La professeure Grażyna Barbara Dąbrowska du Département de génétique à la Faculté de biologie et de protection de l’environnement de l’Université Nicolas Copernic à Toruń a élaboré un produit novateur à base de champignons qui poussent dans notre milieu naturel. Grâce à l’utilisation de ce produit, la décomposition des déchets plastiques peut accélérer même de 20 %.
Cette invention est efficace surtout dans le cas des déchets en polytéréphtalate d’éthylène (PET) qui est utilisé pour fabriquer des bouteilles de boissons, ainsi que des fibres utilisées pour la production de tissus, tels le tissu polaire. Les emballages jetables à usage unique, y compris ceux en PET, sont les plus populaires parmi les déchets des décharges publiques du monde entier. Les déchets plastiques constituent aussi une menace pour l’environnement, surtout pour les mers et les océans. La biodégradation des polymères pétrochimiques classiques dure 500 à 1 000 ans. Le produit novateur en question pourrait réduire ce temps de 15% en moyenne, et même de 20% dans le cas du PET. Il pourrait aussi accélérer la décomposition des matériaux biodégradables similaires aux plastiques classiques, mais qui, pour se dégrader, ont besoin de quelques mois jusqu’à plusieurs années.
« Ce produit biologique contient des champignons du genre Trichoderma (champignons ascomycètes). Ce sont des micro-organismes naturellement présents dans notre environnement. Ils sont capables de produire des enzymes hydrolytiques qui décomposent les polymères », explique Grażyna Dąbrowska.
Naturel et bon pour l’environnement
Les chercheurs ont sélectionné des champignons qui arrivent à se coller à la surface du plastique grâce aux protéines spéciales qu’ils génèrent. « La sécrétion de ces protéines par les champignons augmente l’efficacité des enzymes qui sont responsables de la dégradation des matériaux synthétiques », ajoute la chercheuse.
À part cela, l’utilisation de ce produit améliore la qualité du sol et l’état des plantes. L’application du produit au sol stimule le développement des autres micro-organismes qui y sont présents et aussi, grâce à la capacité de ces champignons à produire de nombreuses enzymes hydrolytiques et des phytohormones, le produit accélère la croissance des plantes voisines en développant des racines latérales, ce qui leur permet de mieux absorber les substances nutritives.
Immunité et force
Le processus de production du produit a été breveté. Selon les scientifiques, cette production n’est pas coûteuse ni dangereuse, car les champignons utilisés sont omniprésents dans le monde et ne nécessitent pas de conditions particulières pour être cultivés. Ils peuvent être isolés de la surface des terres agricoles, de l’écorce des arbres ou du bois écaillé.
Les chercheurs de l’Université Nicolas Copernic étudient depuis longtemps les micro-organismes en essayant d’identifier ceux qui pourraient nous aider dans la lutte contre les déchets. Ils testent une espèce donnée en essayant de la cultiver dans des milieux contenant des substances nocives, telles que le sel, les métaux lourds et les plastiques, ou là où l’accès au carbone est limité. « Nous avons remarqué que le potentiel de croissance de ces champignons était comparable à celui des champignons cultivés dans les conditions de contrôle (où aucune substance nocive n’est présente et avec l’accès au carbone) ».
Des granulés faciles à utiliser
Les scientifiques ont breveté la production du produit sous la forme de granulés. La substance biologique est contenue dans un polymère écologique fabriqué à partir d’algues marines. Les granules doivent être dispersées sur une surface donnée, et il suffit de les arroser ou d’attendre la pluie pour que la substance devienne active.
Cette méthode peut être utilisée par les entrepreneurs qui s’occupent du recyclage et du traitement des déchets synthétiques, et aussi, par exemple, dans les décharges publiques ou pour éliminer les décharges illégales. Pour l’instant, le produit en question est fabriqué uniquement au laboratoire de Toruń, il n’est pas utilisé à grande échelle, mais les chercheurs espèrent trouver rapidement des partenaires commerciaux qui seraient intéressés par sa production de masse.
Université Nicolas Copernic à Toruń
Faculté de biologie et de protection de l’environnement